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octave crémazie

vous dire, du plus profond de mon cœur, merci, et soyez béni pour tout le bien que vous m’avez fait.

« Je vous prie de vous faire l’interprète de ma gratitude auprès des amis qui veulent bien se joindre à vous pour abréger les jours de mon exil.

« Réussirez-vous ? Je n’ose l’espérer. Quel que soit le résultat de vos démarches, soit que je puisse, grâce à vous, respirer encore l’air pur et fortifiant du Canada, soit que je doive,


Isolé dans ma vie, isolé dans ma mort,


boire jusqu’à mon dernier jour la coupe amère de l’exil, je garderai toujours dans le sanctuaire le plus intime de mon cœur le souvenir de ceux qui ne m’ont ni renié, ni oublié aux jours du malheur.

« Mes frères m’apprennent que l’Université Laval ne publiera pas les poèmes qu’elle a couronnés. Pourquoi ? Est-ce que ces œuvres ne sont pas dignes de voir le jour ? Si c’est là la raison qui empêche la publication de ces travaux poétiques, l’Université a eu tort de les couronner. Ce n’est pas encourager la littérature que de décerner des prix à des poèmes qui ne peuvent supporter le grand jour de la publicité, c’est seulement donner une prime à la médiocrité. En Europe, quand les œuvres soumises à un jury universitaire ne s’élèvent pas à un degré suffisant de perfection, on ne donne pas de prix : l’Académie française a été pendant trois ans sans décerner un seul prix, parce que les travaux sur lesquels elle avait à se prononcer, ne