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octave crémazie

vérance digne de votre talent, à marcher d’un pied ferme dans la voie de notre littérature nationale, que vous avez si largement agrandie et si magnifiquement ornée.

« Vous me demandez où j’en suis de mon poème des Trois morts. Je n’ai encore rien écrit, je vais me mettre, autant que ma tête me le permettra (car si vous êtes pris par les yeux, je suis pris par la tête), à remanier tous ces malheureux vers qui commencent à pourrir au fond de mon cerveau ; je serai obligé de refaire la seconde partie, qui est pas mal satirique. Comme je me moque de beaucoup de gens dans ce second chant, je dois faire des changements considérables, car je ne puis, dans ma position actuelle et quand j’ai besoin des sympathies de tout le monde, me permettre de fronder aucune classe de la société, ni de faire des allusions à telle ou telle personne.

« Je croyais bien que la fin des Trois morts ne serait jamais publiée. Je voulais cependant l’écrire, et après ma mort, la laisser à ma famille avec prière de vous la remettre. Vous en auriez fait ce que vous auriez voulu.

« Aujourd’hui que l’on veut bien se souvenir de moi et s’occuper de me faire ouvrir les portes de la patrie, je vais me remettre au travail et faire de mon mieux.

« Comment pourrai-je vous exprimer toute ma reconnaissance pour la sympathie que vous m’avez toujours témoignée et dont vous me donnez encore aujourd’hui une preuve si touchante en essayant de me faciliter les moyens de revoir le ciel natal ? Je ne puis que