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octave crémazie

« On comprend facilement l’enthousiasme que devaient exciter dans des cœurs de vingt ans ces chants si nouveaux, ces hymnes patriotiques qui ressuscitaient sous nos yeux, comme le poète le disait lui-même,


Tout ce monde de gloire où vivaient nos aïeux.


« Ceux qui étaient alors en âge de goûter les beautés littéraires, peuvent redire encore tout ce qu’il y avait de charme dans la voix de ce barde canadien, debout sur le rocher de Québec, et chantant avec des accents tantôt sonores et vibrants comme le clairon des batailles, tantôt plaintifs et mouillés de larmes, comme la harpe d’Israël en exil, les bonheurs et les gémissements de la patrie. »

La gloire littéraire de Crémazie, si grande au Canada, n’a réveillé jusqu’à présent que de rares échos en France. L’ancienne mère patrie n’a encore acclamé qu’un seul de nos poètes. Elle a salué dans Fréchette la plus française de nos muses : le temps n’est pas éloigné où elle reconnaîtra en Crémazie le plus canadien de nos poètes. Son vers n’a pas la facture exquise qu’on admire en Fréchette, mais il respire un souffle patriotique qui fait trop souvent défaut chez l’auteur des Fleurs boréales. Malgré ses inégalités et ses imperfections, Crémazie vivra parmi nous comme le père de la poésie nationale.

Les amis de Crémazie, et il en avait dans toutes les classes, entretinrent pendant plusieurs années l’espoir