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octave crémazie

dans leurs découvertes ; nous nous enfoncions hardiment avec eux dans l’épaisseur de la forêt, plantant la croix, avec le drapeau français, sur toute la ligne du Saint-Laurent et du Mississipi. Nous assistions aux faibles commencements de la colonie, aux luttes héroïques des premiers temps, aux touchantes infortunes de la race indienne, à l’agrandissement de la Nouvelle-France ; puis, après les succès enivrants, les éclatantes victoires, venaient les revers ; après Monongahéla, Oswégo, Carillon, venait la défaite d’Abraham ; puis enfin le drapeau fleurdelisé, arrosé de notre sang et de nos larmes, retraversait les mers pour ne plus reparaître.

« Sur cette grandiose réalité, les brillantes strophes de M. Crémazie, alors dans tout l’éclat de son talent, jetaient par intervalle leurs rayons de gloire. Il nous rappelait, en vers splendides, les hauts faits d’armes de nos aïeux,

......................les jours de Carillon,
Où, sur le drapeau blanc attachant la victoire,
Nos pères se couvraient d’un immortel renom,
Et traçaient de leur glaive une héroïque histoire.


«  Nous frémissions d’enthousiasme au récit

...................de ces temps glorieux,
Où seuls, abandonnés par la France leur mère,
Nos aïeux défendaient son nom victorieux
Et voyaient devant eux fuir l’armée étrangère.


« Nos yeux se remplissaient de larmes à la lecture