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octave crémazie

avec les soupirants à sa main, et le pauvre mari se retire tristement en se disant à lui-même :

Oui, les absents ont tort… et les morts sont absents.


Seul, le fils trouve sa mère agenouillée, pleurant toujours son enfant et priant Dieu pour lui. Un ange recueille à la fois ses prières pour les porter au ciel, et ses larmes, qui se changent en fleurs et dont il ira parfumer la tombe d’un fils bien-aimé. Ces trois épisodes occupent toute la seconde partie. Dans la troisième, le lecteur se trouve dans l’église, le jour de la Toussaint, à l’heure où l’on récite l’office des morts. Le père et l’époux viennent demander à la mère universelle, l’Église, ce souvenir et ces prières qu’ils n’ont pu trouver à leurs foyers profanés par des affections nouvelles. Le fils les accompagne, mais son regard n’est pas morne comme celui de ses compagnons ; on sent que les prières de sa mère ont déjà produit leur effet. La scène s’agrandit, le ciel et l’enfer se dévoilent aux regards des morts. Les chœurs des élus alternent avec les chants des damnés. Les habitants du ciel qui ont été sauvés par les conseils de ces morts qui souffrent encore dans le purgatoire, demandent à Dieu de les admettre dans le paradis, tandis que les damnés, pour qui ces mêmes morts ont été une cause de scandale, demandent comme une justice que ceux qui les ont perdus partagent leurs tourments. Ici je crois être dans le vrai, car il faut être bien pur pour n’avoir jamais contribué à la chute de son prochain, et il faut