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dernières lettres.

je ne les connais que par les affiches que je vois au coin des rues. Je n’en sais donc pas plus long que toi sur les amusements du peuple souverain de l’ancienne capitale de l’Aquitaine.

À propos de Bordeaux, je t’ai envoyé un plan de la ville ; tu ne m’en as jamais parlé. C’est dans le mois de janvier que je t’ai fait cet envoi. L’as-tu reçu ?

Le Bordelais est aussi blagueur que le Parisien et il est beaucoup plus causeur ; au fond bon enfant. Les femmes, dans les boutiques, sont fort peu polies. Quelle différence avec la boutiquière de Paris, qui vous fait tout aussi bon accueil si vous faites une emplette de deux sous que si vous lui achetez pour cent francs.

En dehors du commerce des liquides et de tout ce qui s’y rattache, il n’y a pas de grandes industries à Bordeaux. Les millionnaires sont ici très nombreux, ce qui fait que l’association est moins nécessaire que dans des pays moins riches. Il y a quelques maisons d’armateurs qui ont quarante ou cinquante navires sur mer. Comme je crois te l’avoir dit, il y a dans cette ville un très grand luxe de vêtements et de voitures et, pour aller dans la société, il faut avoir du foin dans ses bottes.

Me voici rendu au bout de mon papier et de mes renseignements sur la capitale de la Gascogne.

Mes amitiés à ta femme.