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dernières lettres.

mille zouaves pontificaux, les Prussiens ne seraient jamais entrés à Orléans. Dans cette malheureuse guerre, il n’y a que les zouaves du pape et les Bretons qui aient fait leur devoir. Ce sont précisément les hommes qui avaient une foi religieuse qui ont su combattre et mourir pour leur patrie, tant il est vrai que les actions généreuses, les grandes inspirations ne sauraient germer dans un cœur desséché par l’impiété.

Il ne faut pas oublier la légion étrangère et les amis de la France. Ces deux corps, composés de Belges, de Russes, d’Anglais et d’Américains, ont plus souffert et plus combattu pour sauver l’honneur de la France que les Français eux-mêmes, en exceptant les zouaves pontificaux et les Bretons. Ces amis de la France, qu’il ne faut pas confondre avec la canaille cosmopolite réunie sous le drapeau de Garibaldi, étaient recrutés dans les meilleures familles de l’étranger.

Une chose honteuse, c’est l’infamie des fournisseurs de l’armée. Un officier du corps de Faidherbe me racontait le fait suivant, qui n’a pas besoin de commentaires. Le 18 janvier, on donnait des souliers neufs à son régiment. Le lendemain, 19, on livrait la bataille de Saint-Quentin, où vingt et un mille Français ont soutenu, pendant douze heures, la lutte contre cent dix mille Prussiens. Ne recevant pas de renfort, Faidherbe fut obligé de battre en retraite. Le lendemain, les Allemands faisaient quatorze mille prisonniers. Les souliers fournis le 18 avaient des semelles de carton qui n’étaient que collées. Dans le mouvement de re-