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dernières lettres.

ne pas servir malgré eux dans les rangs de la Commune, ils se sont empressés de filer en province.

Ce qui prolonge la lutte, c’est la concentration dans la capitale de tous les bandits et repris de justice, non seulement de la France, mais de toute l’Europe. On compte en ce moment à Paris plus de trente mille étrangers, gens de sac et de corde qui, n’ayant rien à perdre, lutteront tant qu’ils trouveront à piller.

On assure que les beaux quartiers sont minés et qu’à l’entrée des troupes de Versailles, on fera sauter les Champs-Elysées, la Madeleine, en un mot, tous les quartiers habités par les riches. On fera peut-être sauter quelques édifices publics, mais je ne pense pas que l’on puisse détruire en bloc les plus riches arrondissements de la capitale. Comme tous les honnêtes gens âgés de quarante ans ont quitté Paris et que les jeunes gens sont obligés de se battre dans les rangs de la garde nationale, sous peine de mort, il n’y a pas lieu d’espérer que la Commune sera renversée par les malheureux habitants de Paris. La lutte peut donc se prolonger longtemps et je pourrais bien être encore ici le 1er juin, ce que je ne désire pas.

Il faut donc que Joseph prenne patience, car, avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrai expédier les articles qu’il me demande que lorsque messieurs les communeux auront été vaincus.

Je remercie de tout mon cœur Jacques, pour la bonté qu’il a eue de rebâtir de sa poche mes petites économies. Comment pourrai-je jamais reconnaître