Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/495

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

497
dernières lettres.

Le 18 mars, messieurs les émeutiers vinrent, avec leurs tambours et leurs clairons, remplacer l’effet des quinze tasses de café sur mon système nerveux. Cette recrudescence d’insomnie m’avait singulièrement abattu. Aussi, quand j’ai vu que les affaires de la capitale, au lieu de s’améliorer, prenaient une tournure de plus en plus mauvaise et ne semblaient pas me promettre un dodo prochain, je me suis empressé de venir à Orléans et j’en suis très content. Je dors bien et j’ai un excellent appétit. Dans l’après-midi, je fais de longues marches sur les bords de la Loire, qui sont très beaux et très pittoresques. Je rencontre en route beaucoup de moulins à vent qui, avec leurs grands diables de bras tournants, ont une apparence tout à fait fantastique.

On ne voit pas ici ces forts et vigoureux chevaux du Perche qui sont si communs à Paris. Dans l’Orléanais, la plus belle conquête de l’homme ressemble beaucoup à nos petits chevaux canadiens. Les ânes sont aussi bien plus petits que dans le département de Seine-et-Marne. Pas beaucoup plus gros qu’un chien de Terreneuve, un aliboron Orléanais traîne toute une famille de paysans. Il ne va pas au galop, mais il fait son petit bonhomme de chemin en trottinant.

À la semaine prochaine.