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dernières lettres.

étant encore libre, je me suis mis en route à midi et je suis arrivé ici à trois heures.

Tous ceux qui peuvent quitter Paris s’empressent de fuir en province. On évalue à près de deux cent mille le nombre des personnes qui ont abandonné la capitale depuis le 18 mars.

À Orléans, tout est plein. J’ai eu beaucoup de peine à trouver une petite chambre. La vie est aussi chère, sinon plus chère qu’à Paris. Je ne sais combien de temps je resterai ici. Aussitôt que les affaires auront repris leur cours normal, je retournerai à la capitale afin d’exécuter les commandes dont Joseph me parle dans sa dernière lettre.

Je n’ai pas reçu de nouvelles de vous depuis le 10 mars, ce qui s’explique facilement par l’interruption du service des postes. Comme la crise actuelle peut durer longtemps et que je ne resterai pas plus de trois semaines ou un mois ici, continuez à m’adresser vos lettres, rue de l’Entrepôt, 34, Paris. Elles me parviendront à Orléans aussitôt que les communications postales seront rétablies. Dans tous les cas, je les retrouverais à Paris, à mon retour.

Je n’ai pas encore eu le temps de rien voir ici, si ce n’est l’église, où je suis arrivé à temps pour entendre la fin des vêpres et le sermon. Je vous en parlerai plus au long dans ma prochaine.

Orléans, qui a été occupé pendant trois mois par les Prussiens, est aujourd’hui débarrassé de la présence des troupes du roi Guillaume. Tout est parfaitement tranquille, comme dans le temps jadis.