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dernières lettres.

père qu’avant longtemps, tout rentrera dans son état normal et que nous pourrons voyager librement, comme avant la guerre.


AUX MÊMES


Paris, 20 mars 1871.


Mes chers frères,

Je n’ai pas reçu de vos nouvelles depuis vos lettres du 17 février. Un paquet de journaux portant les dates du 3 au 8 septembre, m’a été remis hier.

Nous sommes dans un joli pétrin. L’émeute est triomphante à Paris. Le gouvernement est à Versailles, et M. Assy, l’ouvrier qui a fait les émeutes du Creuzot, trône à l’Hôtel de Ville, sur lequel flotte le drapeau rouge.

La ligne a fraternisé avec les émeutiers, et toute la ville est, depuis hier matin, soumise au caprice du mob.

Il y a des barricades à tous les coins des rues. Les omnibus ne marchent plus. Depuis hier matin, tout est relativement calme. On dit que cent cinquante mille gardes nationaux vont partir demain pour aller visiter Versailles. Si, malheureusement, ils réussissent à renverser l’Assemblée nationale, nous aurons les Prussiens dans Paris avant quatre jours. Vous pensez bien que Bismark, qui a traité avec M. Thiers, ne doit