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journal du siège de paris.

les républicains modérés, chacun vote pour les hommes qu’il connaît personnellement. Souvent même le petit rentier, ne sachant comment remplir son bulletin, finit, après avoir trouvé une vingtaine de noms parmi les sommités de son parti, par donner son vote à son propriétaire, à son beau-père ou à ses fournisseurs. Quelquefois même, il vote pour soi, afin que son nom figure parmi ceux des candidats dans le dépouillement des votes publiés par le Journal officiel. C’est ce qui vous explique comment, dans le scrutin du 8 février, 10,400 individus ont reçu des voix, qui 1, qui 2, qui 3. Sur ces 10,400, 900 ont été nommés par plus de 4,000 électeurs. Avec le scrutin de liste, les radicaux, qui marchent comme un seul homme, sont toujours certains de faire passer la plus grande partie de leurs candidats. Thiers, Jules Favre, Henri Martin, l’amiral Saisset, etc., n’ont été élus à Paris que parce qu’il y a une douzaine de noms sur lesquels s’accordent les hommes de toutes les nuances du parti conservateur. J’oubliais Mégy, celui qui a été condamné à vingt ans de travaux forcés pour assassinat d’un sergent de ville chargé de l’arrêter à son domicile. Cet aimable révolutionnaire, mis en liberté le 5 septembre par l’émeute triomphante, a reçu plus de 50,000 voix !

Si Paris est ultra-radical, la province est ultra-monarchique. Elle n’envoie que des ducs, des comtes, des marquis et des barons à l’assemblée nationale. Sur les 753 députés qui siègent à Bordeaux, il y a plus de 600 partisans de la monarchie. Le duc d’Aumale