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journal du siège de paris.

encore plus élevés qu’avant l’investissement, les mets ordinaires deviennent accessibles aux petites bourses. La ville de Londres a envoyé à Paris une masse considérable de denrées alimentaires. Distribués dans la classe pauvre, ces dons de John Bull ont soulagé beaucoup de misères.

Les élections ont eu lieu le 8. L’insouciance des honnêtes gens (on compte près de 300,000 abstentions), la stupidité des classes ouvrières, qui se laissent mener par une douzaine d’ambitieux, donnent à Paris des députés impossibles. Razoua, un drôle, Millière, accusé publiquement par Rochefort d’avoir volé 30,000 francs à la caisse de la Marseillaise, Solain et Malon, ouvriers de l’Internationale, Greppo, l’ancien Pilade de Proudhon, Garibaldi, le vieux condottiere, Gambon, l’homme à la vache, Lockroy, journaliste de cinquième catégorie, Floquet, un roquet déguisé en avocat, etc., tels sont les représentants de la capitale du monde civilisé.

Les révolutionnaires, parfaitement organisés, ne perdent pas leurs voix comme les conservateurs. La liste adoptée par leurs chefs est acceptée par tout le parti. Avec le système absurde du scrutin de liste, chaque électeur de Paris avait 43 noms à écrire sur un seul bulletin. Comment voulez-vous qu’un simple bourgeois puisse connaître 43 personnes qui puissent le représenter à l’assemblée nationale ? Comme il n’y a pas d’entente dans le parti conservateur, composé de quatre fractions qui ne peuvent s’accorder entre elles, les orléanistes, les bonapartistes, les légitimistes et