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journal du siège de paris.

Charles, serait à Rennes, en Bretagne. La situation est épouvantable. Cependant personne ne parle de se rendre, et on veut lutter jusqu’à la dernière bouchée de pain. Les gens d’expérience disent que la continuation de la lutte est impossible. On se dit à l’oreille que Jules Favre est parti pour Versailles. Aujourd’hui, le gouvernement, pressé par l’opinion publique, a rappelé le décret qui offrait une prime de 25 fr. aux dénonciateurs.

Mercredi, 25 janvier. — Brouillard à couper au couteau. Le bombardement continue, mais sans une grande intensité. Il paraît que l’on négocie réellement à Versailles. Le marquis de Talhouet et lord Lyons seraient au quartier général du roi Guillaume ; on dit qu’ils sont appuyés par le duc de Mecklembourg, oncle du comte de Paris. On attend avec anxiété le résultat de ces démarches. Plusieurs cas de scorbut se sont déclarés. Pour moi, je commence à être au bout de mes forces.

Jeudi, 26 janvier. — Temps magnifique. Jules Favre est à Versailles. Il nous faut négocier et accepter quand même toutes les conditions que l’ennemi voudra nous imposer. L’inventaire, sur papier, des provisions nous donnait des vivres jusqu’au 1er mars. Heureusement que M. Dorian a fait faire un inventaire effectif, qui nous prouve que nous n’avons plus que pour dix jours à manger. Il faut donc ou mourir de faim ou capituler. En attendant, le bombardement continue à faire rage.