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journal du siège de paris.

place de Grève. Heureusement que la peur a rendu inutile l’intervention de ces terribles machines.

Lundi, 23 janvier. — Le thermomètre continue à monter. Suppression des journaux le Combat et le Réveil, qui avaient poussé la population à faire une levée de boucliers pour renverser le gouvernement actuel. Delescluze, rédacteur du Réveil, a été arrêté ce matin. Les clubs sont fermés par ordre de l’autorité. Le bombardement redouble d’intensité. On dit que Faidherbe a subi une grande défaite dans le Nord, à Saint-Quentin. Les Prussiens lui auraient fait 10,000 prisonniers. Dans l’Est, la position de Bourbaki serait très compromise, sinon désespérée. Décidément, tout est perdu. Les souffrances des pauvres gens qui ne veulent pas se faire inscrire au nombre des nécessiteux, deviennent intolérables. La mortalité atteint en ce moment le chiffre de 650 par jour. Les corbeaux, viande dure et coriace, sont assez nombreux chez les marchands de comestibles. Ils se vendent 8 fr. pièce. En les mangeant, il ne faut pas songer qu’ils ne se trouvent en si grande quantité autour de la capitale, que parce qu’ils sont attirés par les milliers de cadavres qui restent souvent une semaine entière sans sépulture.

Mardi, 24 janvier. — Le temps est toujours très doux. Le bombardement a été un peu moins violent aujourd’hui. Les mauvaises nouvelles qui circulaient hier se confirment. La position de Bourbaki est tout à fait désespérée ; on craint pour son armée une capitulation comme celle de Sedan. Chanzy, poursuivi par Frédéric--