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journal du siège de paris.

épais. Canonnade d’une violence extrême, qui fait toujours quelques victimes de l’autre côté de l’eau. On parle d’une grande sortie. Si elle doit avoir le même résultat que les précédentes, si, vainqueur le matin, on doit, le soir, se replier en bon ordre, autant vaut rester dans les murs. Le beurre frais se vend soixante francs la livre. Cette abominable ratatouille que l’on appelle du boudin de cheval, vaut aujourd’hui huit francs la livre. Le chien augmente aussi de prix. On le paie à présent huit francs la livre. Un œuf se vend trois francs.

Lundi, 16 janvier. — Le temps s’est refroidi. Pas de nouvelles de l’extérieur. Bombardement sur toute la ligne sud et, comme tous les jours, réponse des forts, qui réussissent à démolir une batterie ennemie de temps en temps. Nous sommes très inquiets, car le dénoûment, et quel dénoûment ! approche. La province viendra-t-elle enfin à notre secours ? Parmi les enfants, la mortalité est énorme. Tout cela n’est pas gai et l’avenir nous apparaît sous les couleurs les plus sombres.

Mardi, 17 janvier. — Même température qu’hier. Aujourd’hui, le bombardement a été moins violent. Les forts de Vanves et d’Issy ont seuls été attaqués avec acharnement. Le gouvernement devient de plus en plus impopulaire. L’avocat Ferry, qui a succédé à M. Haussmann, comme préfet de la Seine, commet sottise sur bêtise. Ce républicain, qui n’a rien de l’austérité lacédémonienne, est une espèce de gandin qui connaît