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journal du siège de paris.

lards. La mortalité augmente dans une proportion énorme : plus de quatre mille par semaine. Et nous ne sommes qu’au commencement de la période aiguë du siège. On prétend que nous pouvons tenir jusqu’au 15 mars. À cette époque, la moitié de la population sera morte de faim et de froid.

Mercredi, 4 janvier. — Le froid ne veut pas nous faire grâce d’un seul degré. Le bombardement fait rage sur les forts de l’Est. Trochu, qui était un dieu dans le mois de septembre, est traîné aux gémonies par les journaux. On se demande, et avec raison, il me semble, pourquoi il n’a pas fait des sorties continuelles pour harceler l’ennemi et le retenir sous les forts. En définitive, nous ne savons pas si nous sommes investis par 300,000 Allemands, ou si le gros de l’armée prussienne n’a pas quitté les environs de Paris, en laissant seulement quatre hommes et un caporal pour faire le blocus de la capitale, afin d’aller porter secours au prince Frédéric-Charles, qui est serré de près par Chanzy. Voilà bientôt quatre mois que nous sommes assiégés, et Trochu n’a fait que cinq sorties. On commence à faire des caricatures et des chansons sur le fameux plan du gouverneur de Paris. Pour moi qui suis tout à fait étranger aux choses militaires, je ne me permets pas de critiquer notre commandant en chef, mais j’avoue que je ne comprends plus rien au système de défense adopté par l’Hôtel de Ville.

Jeudi, 5 janvier. — La neige qui a tombé toute la