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journal du siège de paris.

de journaux que de portes cochères. Sur le boulevard Montmartre, les cris et les boniments des détailleurs du quatrième pouvoir de l’État rendraient sourd un artilleur. Comme le commerce des livres et feuilles périodiques est libre depuis le 4 septembre, beaucoup d’enfants, de femmes et de vieillards trouvent dans ce petit négoce le morceau de pain et l’once de cheval qui doivent les empêcher de mourir.

Jeudi, 29 décembre. — Le froid ne diminue pas. Pendant la nuit, le général Trochu a fait évacuer le plateau d’Avron, qui, n’étant pas fortifié, n’était plus tenable pour les Parisiens. On a pu ramener sous les forts, sans perdre un seul homme, les canons et les munitions. Cette évacuation du plateau d’Avron produit une bien mauvaise impression dans le public. On se demande comment il se fait que cette position, occupée par les Français depuis le 2 décembre, n’a pas été mise, par des travaux en terre et des casemates, à l’abri des bombes prussiennes ? Les Allemands n’ont pas mis vingt-six jours à rendre Châtillon, Meudon et Montretout imprenables. Le général Trochu perd chaque jour de sa popularité. Je le crois un très honnête homme, mais il fait trop de proclamations. C’est un avocat habillé en général. On commence à croire qu’il n’est pas à la hauteur des circonstances. En définitive, il n’avait d’autres titres à la haute position qu’il occupe aujourd’hui que la critique qu’il a faite de l’armée française en 1867. Il prouvera une fois de plus la vérité du vers classique :