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journal du siège de paris.

très doux. Canonnade des forts, mais pas d’engagements. L’Officiel de ce matin nous donne enfin les nouvelles apportées par les pigeons arrivés hier. M. de Moltke n’avait pas menti. Après avoir tenu pendant plusieurs jours contre les forces supérieures du prince Frédéric-Charles, le général d’Aurelle de Paladines a dû évacuer Orléans. Divisée en deux parties par cet échec, l’armée de la Loire compte encore 200,000 hommes. La moitié de ces forces, sous le commandement du général Chanzy, couvre Tours. L’autre, sous les ordres de Bourbaki, doit protéger Bourges et Nevers et empêcher le mouvement tournant que les Prussiens veulent opérer en Sologne. Amiens et Rouen sont tombés aux mains des Allemands. Le gouvernement de Tours s’est transporté à Bordeaux. Tout cela n’est guère rassurant. Paris ne peut plus compter que sur lui-même pour se débloquer. La population parisienne est affligée, non désespérée, de ces nouvelles douloureuses. On continuera la lutte quand même, et la capitale tiendra tant qu’il y aura un morceau de pain à manger. Il faut, coûte que coûte, retenir devant nos murs les 300,000 assiégeants qui iraient, si nous avions le malheur de capituler maintenant, aider le prince Frédéric-Charles à écraser les armées qui se forment en province. Le gouvernement réquisitionne aujourd’hui tous les chevaux, ânes et mulets. Cette mesure énergique nous assure 30,000 chevaux, qui nous donneront de la viande jusqu’au quinze février. Les légumes secs, les pâtes et le chocolat nous empêcheront de