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journal du siège de paris.

Lundi soir, 12 décembre. — Dégel complet. Brouillard à couper avec un couteau. Le baron Saillard, ancien ministre plénipotentiaire, a succombé hier au soir aux blessures qu’il avait reçues à la bataille du 2 décembre. Bien qu’il fût bonapartiste, tous les journaux républicains rendent hommage à l’héroïsme qu’il a montré dans les derniers combats. On parle de dissensions sérieuses entre le général Ducrot et le général Blanchard, qui commande le deuxième corps de la deuxième armée de Paris. Ce qu’il y a de certain, c’est que le Journal officiel de ce matin annonce la dissolution du corps d’armée du général Blanchard. Dans la crise épouvantable que nous traversons en ce moment, si la discorde règne parmi les chefs militaires, Paris et la France devront bientôt subir la paix désastreuse que la Prusse veut imposer. Pas de nouvelles de Tours. Quelques coups de canon tirés par les forts, mais pas d’engagements.

Mardi soir, 13 décembre. — Pluie et brouillard. Pas de nouvelles ni de Tours ni de l’étranger. Les journaux n’entrent plus dans Paris. Dans les deux premiers mois du siège, presque chaque semaine nous recevions quelques journaux anglais ; depuis un mois, pas une feuille étrangère ne parvient à franchir les lignes prussiennes. Il ne nous reste plus que les messagers ailés, qui nous font complètement défaut depuis douze jours. M. de Moltke aurait-il dit la vérité ? La victoire des Prussiens sur les bords de la Loire serait-elle à ce point foudroyante que le gouvernement de