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journal du siège de paris.

Trochu, et nous continuons à croire au succès définitif de la campagne, bien que nous ne comprenions rien à ce qui se passe depuis huit jours. On évalue à vingt-deux mille, tués ou blessés, le chiffre des pertes dans les rangs ennemis, dans les journées des 29, 30 novembre et 2 décembre. Celles des assiégés ne dépassent pas six mille. Dans les bouillons, les prix sont doublés. Le pain et le vin seuls se vendent aux taux ordinaires. Les pauvres souffrent beaucoup par ce temps de froid extrême, le bois se vendant à cinq francs les 100 livres. Si le siège continue encore pendant un mois, la vie deviendra tout à fait impossible pour les petites bourses.

Lundi soir, 5 décembre. — Toujours un froid très vif. La retraite du général Ducrot produit une mauvaise impression dans la population. On se demande si Trochu va suivre l’exemple de Bazaine, qui faisait des sorties très brillantes, mais qui était toujours obligé de venir se réfugier sous les canons de Metz. Comme la capitale de la Lorraine, sommes-nous destinés à subir une capitulation ? Pas d’opérations militaires aujourd’hui. Le général Renault, le commandant Franchetti, des éclaireurs à cheval, ont succombé hier aux blessures qu’ils avaient reçues dans la journée du 2 décembre. Pas de nouvelles d’Orléans depuis trois jours. Ce silence devient inquiétant dans les circonstances actuelles. Notre salut dépend des armées de la province, surtout de celle de la Loire. Que deviennent les pigeons messagers ? Sont-ils dévorés par les éper-