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journal du siège de paris.

Mercredi soir, 30 novembre. — Temps sec et très froid. Je n’ai jamais entendu un vacarme pareil à celui de la nuit dernière. Tous les forts tonnaient à la fois. Les Prussiens, refoulés sur toute la ligne, ont abandonné presque toutes leurs positions. On dit qu’un régiment saxon s’est rendu. Sept cents prisonniers viennent d’arriver au fort de Vincennes. Le général Trochu envoie une dépêche, ce soir, de son quartier de Champigny, annonçant que la journée a été excellente et que l’armée du général Ducrot a pu traverser la Marne tout en repoussant l’ennemi. Le gouvernement défend aux journaux de publier d’autre compte rendu des combats sous Paris que celui donné par le Journal officiel.

Jeudi soir, 1er décembre. — Froid très sec. Hier, outre les positions conquises sur l’ennemi du côté de la Marne, les Français se sont emparés du village d’Épinay, près de Saint-Denis. On y a fait cent trente prisonniers et pris deux mitrailleuses. Aujourd’hui, le canon n’a presque pas parlé. On enterre les morts et on relève les blessés. On dit que les Français ont perdu hier neuf à dix mille hommes, et les Prussiens vingt à vingt-cinq mille. Les voitures d’ambulance passent à chaque instant sur le boulevard avec les victimes de la bataille d’hier. On ne s’attend pas à une nouvelle action avant demain. Les charbonniers qui vendent à faux poids, passent de mauvais quarts d’heure. On a failli pendre celui qui demeure dans notre maison, parce qu’il avait donné quarante-cinq livres de bois