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journal du siège de paris.

Neuf-Brisach. La chute de ces deux petites places était prévue et ne saurait influencer le résultat de la campagne de Paris. Le maire de la capitale nous fait savoir que, le 30 novembre, il ne sera plus fourni de gaz aux particuliers. On réserve ce qui reste de charbon pour l’éclairage des rues. Nous allons revenir à la chandelle et aux quinquets du bon vieux temps. Le chat continue à faire la fortune des petits restaurants. On assure que plus de 25,000 matous sont déjà tombés, des gouttières où ils prenaient leurs ébats, dans la poêle à frire où ils ont pris le nom de lapins. Esaü a vendu son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. On raconte que le directeur des Variétés a donné une entrée gratuite pendant un an à son théâtre pour une livre de gruyère. Voilà un monsieur qui a une furieuse passion pour le fromage. Les on dit du jour. Le général d’Aurelle de Paladines aurait remporté une nouvelle victoire près d’Orléans et aurait forcé l’armée du général von der Thann à mettre bas les armes. C’est trop beau pour être vrai. Le parti bonapartiste gagnerait beaucoup de terrain en province. On parle même de la restauration de Napoléon III comme d’une chose certaine. Je n’en crois rien. Dans les faubourgs, les ultra-radicaux, pour ameuter la populace contre le gouvernement de l’Hôtel de Ville, vont même jusqu’à dire que le général Trochu a cédé sa place à Napoléon III, qui est en ce moment le chef de la défense nationale sous le nom du gouverneur de Paris. Seulement, le vaincu de Sedan aurait coupé son impériale et fait