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journal du siège de paris.

à trois cents hommes par jour. À la variole noire, contre laquelle il n’y a pas de remède, viennent se joindre la dysenterie et le typhus. Le Times, dans son numéro du 9 courant, évalue à 30,000 le chiffre des morts causées par la maladie dans les troupes de Guillaume depuis l’investissement de la capitale. Le Moniteur de Seine-et-Oise, organe officiel du roi de Prusse, qui nous donne ces nouvelles, nous apprend aussi que M. Thiers, dans sa dernière visite aux cours de l’Europe, a chaleureusement plaidé la cause du pape. Qui aurait jamais pensé que le roi de Prusse publierait son journal officiel dans la ville de Louis XIV ? Aurait-on jamais cru que le dernier défenseur du pouvoir temporel serait M. Thiers, un voltairien de la plus belle eau ? Nous pouvons bien dire avec Racine :


Et quel temps fut jamais si fertile en miracles ?


Les nouvelles qui nous arrivent de la province continuent à être bonnes. Il y a maintenant dans les départements plus d’un demi-million d’hommes sous les armes. Ajoutez à ce chiffre les 225,000 mobiles et soldats de la ligne qui sont à Paris, je ne parle pas des 400,000 gardes nationaux qui gardent les remparts et les forts, et vous aurez une masse d’hommes égale à celle de l’invasion. On prétend qu’il faut encore quinze jours pour obtenir une artillerie de campagne capable de lutter avec celle des Prussiens. Donc, vers le 10 décembre, au plus tard, Paris sera en état de com-