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journal du siège de paris.

reste, quelque triste que soit la fin de ces malheureux, il faut bien avouer qu’ils appartenaient à la classe la plus abjecte de la société et qu’ils vendaient à l’ennemi des renseignements sur la situation de la capitale. Toujours les demi-mesures. On n’a pas osé saisir les gravures obscènes sur l’impératrice, on s’est borné à prier les papetiers de ne pas exposer dans leurs montres les nudités dont je vous parlais ces jours derniers. Ils peuvent continuer à les vendre à l’intérieur de leurs boutiques. Les clubs continuent à faire parler de leurs prouesses. Un énergumène, à la Salle Favié (Belleville), après avoir déblatéré pendant une heure contre les prêtres et la religion, a fini son speech en disant qu’il voudrait pouvoir escalader le ciel afin d’aller poignarder Dieu ! Quand l’impiété atteint ce degré de folie, on devrait tout simplement envoyer le blasphémateur à Charenton. Le journal ultra-rouge, le Faubourien, qui nous fait connaître les élucubrations des frères et amis des clubs de Belleville, consacre deux colonnes à faire l’éloge du courageux citoyen qui a enfin osé dire ce que pense la révolution du Dieu des chrétiens, de ce Dieu qui ne vaut pas mieux que Napoléon iii ! Dans la même séance, le même club a condamné à mort l’empereur, Rouher, Émile Ollivier et Bazaine, et a engagé tous les patriotes à exécuter eux-mêmes l’arrêt de mort porté contre les suppôts du tyran. En bon français, cela veut dire que l’assassinat des chefs du parti impérialiste est le plus saint des devoirs. Heureusement que ces excentricités sinistres