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journal du siège de paris.

Vendredi soir, 18 novembre. — Brouillard intense le matin et le soir. Beau temps dans la journée. Toujours la même chanson, canonnade des forts, fusillade des avant-postes. Quelques journaux anglais, arrivés hier au soir, nous donnent des nouvelles de l’extérieur. Mazzini serait à Tours, comme si Garibaldi ne suffisait pas pour compromettre la république aux yeux des rois et des peuples chrétiens. L’Officiel de ce matin nous apprend que Thiers est arrivé à Tours le 7 courant. Les négociations au sujet de l’armistice sont donc définitivement brisées. On affirme, cependant, que les puissances neutres continuent, en les accentuant davantage, leurs démarches auprès du roi de Prusse, afin d’arriver à poser les bases d’une paix prochaine. La Russie mobiliserait son armée, et déjà 427,000 hommes marcheraient sur la frontière prussienne. Le gouvernement accuse Pyat, Blanqui et Cie d’être les alliés de la Prusse et prétend que, le 28 octobre, Bismark annonçait, en donnant les noms des chefs, l’invasion de l’Hôtel de Ville du 31. Il paraît qu’à Tours, les solliciteurs de places sont plus nombreux que les volontaires. Tous les culotteurs de pipes des quatre-vingt-neuf départements, qui ont souffert sous le tyran, ce qui veut dire que sous l’empire ils ont ingurgité une quantité invraisemblable de bocks et de petits verres qu’ils ont rarement payés, viennent demander qui une préfecture, qui une perception. Ils se gardent de demander des fusils, car la sainte fraternité des peuples ne leur permet pas de verser le sang de leurs