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journal du siège de paris.

becs ouverts jusqu’à dix heures. Le 15 décembre, il n’y aura plus un mètre de gaz. Il faudra bien revenir à l’huile et à la chandelle de nos aïeux. On commence à vendre des rats. Le prix varie de six à dix sous, suivant la grosseur.

Jeudi soir, 17 novembre. – Beau temps ; pluie et neige dans la soirée. L’Officiel de ce matin publie un ordre du jour du général Bourbaki, qui nous apprend que les francs-tireurs du Nord ont capturé un convoi considérable escorté par une forte troupe prussienne. Dans cette rencontre, l’ennemi a perdu quatre cent soixante-cinq hommes. Ce succès, arrivant après la victoire d’Orléans, excite beaucoup d’enthousiasme. Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit le proverbe. Si le gouvernement, enorgueilli par ces deux succès, qui, en définitive, ne changent pas essentiellement la position matérielle, voulait faire sa tête et refuser l’armistice que la Russie travaille en ce moment à faire accepter par la Prusse, il s’exposerait à perdre, dans Alexandre II, le seul ami de la France dans la crise actuelle. La Prusse victorieuse a pu emprunter, en un seul jour, un milliard en Angleterre. Avant Reichshoffen, il lui avait été impossible de placer son emprunt de cent millions de thalers. Jusqu’à Sedan, John Bull donnait bien ses sympathies à l’Allemagne, mais il n’osait risquer ses sous sur le jeu de Bismark. Aujourd’hui, il donne son cœur et sa fortune comme les héritières des comédies de Scribe. Enfin la police a fait saisir les gravures dont je vous parlais dimanche : ce