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journal du siège de paris.

hommes, rétabliraient l’investissement. Si à ces 150,000 vous ajoutez 50,000 mis hors de combat dans la sortie de 300,000, vous aurez un total de 200,000 soldats enlevés à la défense de la capitale. Il ne resterait plus que 250 à 300,000 hommes pour défendre les murs dans le cas d’une attaque nouvelle par les assiégeants. Comme cette armée de défense ne se composerait plus que de gardes nationaux, les troupes de la ligne et de la mobile devant être occupées à défendre les positions conquises en dehors de Paris, il est évident qu’elle ne serait pas de taille à lutter avec les légions aguerries du roi Guillaume. Je crois que c’est là la raison qui fait reculer l’époque des grandes sorties jusqu’au jour où l’on apprendra que la province vient au secours de la métropole. Si les armées formées dans les départements tombent sur les derrières des Prussiens, les Parisiens, en sortant en masse pour attaquer en même temps le front de l’ennemi, seront certains d’écraser les assiégeants : Mais où sont les armées de la province annoncées si pompeusement dans les bulletins de Gambetta ? Tout le monde en parle comme on parle du loup-garou, mais personne ne les a vues. On assure qu’un membre du gouvernement aurait dit que la position était tout à fait désespérée. Cette certitude d’une catastrophe inévitable expliquerait peut-être le désaccord que l’on dit exister entre le général Trochu et les autres membres du gouvernement. Le gouverneur de Paris voudrait faire une sortie de 400,000 hommes. Les membres civils de la