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journal du siège de paris.

nier ? Les pigeons, qui jusqu’à ce jour ont été les messagers réguliers de la correspondance officielle, ont-ils été tués et mangés à la crapaudine par les Allemands ? Le gouvernement en sait-il plus que le public ? Les nouvelles de la province sont-elles à ce point désastreuses que Jules Favre aime mieux laisser croire qu’il ne reçoit rien de Tours que de faire connaître la profondeur de l’abîme dans lequel la France est tombée ? On parle du bombardement très prochain de Paris. Je m’obstine toujours à ne pas y croire. L’investissement, rendu infranchissable par l’arrivée des troupes qui assiégeaient Metz, devra, à moins de succès extraordinaires dans les prochaines sorties, ouvrir les portes à Bismark d’ici à deux mois. Pourquoi prendrait-il la responsabilité du bombardement de la capitale de l’Europe, quand il peut arriver à son but sans lancer un obus ? Bien mauvaises nouvelles de Marseille. La terreur y règne d’une façon plus épouvantable qu’à Lyon. On fait payer aux riches un impôt de 25% sur le revenu. On a arrêté tous les prêtres et les religieux, on les a revêtus de la livrée du bagne et on les a promenés par toutes les rues de la ville, au milieu des injures de la canaille. Peut-être y a-t-il beaucoup d’exagération dans ces rapports qui nous arrivent on ne sait trop comment. Je souffre toujours de la tête, mais moins qu’hier.

Mardi soir, 8 novembre. — Brouillard très épais. Le Mont-Valérien a canonné toute la journée les ouvrages des Prussiens. Le silence obstiné du gouvernement