Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

383
journal du siège de paris.

moins froid qu’hier. Rien comme opérations militaires. Félix Pyat, Millière, etc., auteurs de l’envahissement de l’Hôtel de Ville, le 31 octobre, ont été arrêtés ce matin. Blanqui et Flourens ont réussi à se dérober aux recherches de la police. Les bruits d’armistice font baisser les prix des denrées. Les épiciers avaient accaparé une grande quantité de marchandises qu’ils cachaient dans leurs caves, afin de vendre à des prix exorbitants quand l’approvisionnement du gouvernement aurait été épuisé. Ainsi les œufs ont subi une baisse de quatre-vingt-dix francs par mille. On espère toujours que l’armistice sera signé demain ou après-demain. J’ai mal à la tête depuis le matin, ce qui m’empêche d’en écrire bien long aujourd’hui. Du reste, pas de nouvelles, pas rien, comme disait M. Corriveau.

Dimanche soir, 6 novembre. — Belle journée, mais froide. Silence des forts et des avant-postes. La Prusse refuse l’armistice proposé par les grandes puissances. Elle l’accorderait à la condition que Paris ne se ravitaillerait pas. Cette fin de non-recevoir est une mauvaise plaisanterie, car Bismark n’aurait qu’à nous accorder un armistice de trois mois dans ces conditions et il serait sûr, à l’expiration de cette trêve qui aurait épuisé toutes nos provisions, d’entrer dans la capitale sans brûler une cartouche. La famine nous forcerait à lui ouvrir les portes. C’est donc la guerre à outrance. On doit faire une sortie formidable cette semaine. Si les Français remportent un succès sérieux, Bismark