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journal du siège de paris.

actuelle avec une grande habileté, ont bien compris que le meilleur moyen d’empêcher les départements de secourir Paris, c’était d’envahir les provinces en même temps qu’ils investiraient la capitale. N’ayant plus d’armée régulière, ne pouvant pas compter sur le reste de la France, que peut faire le gouvernement ? On demande des sorties en masse. Trochu refuse. Il a raison, car, sans artillerie, ce serait envoyer la mobile et les gardes nationaux à la boucherie. On manque d’artillerie et d’artilleurs, deux choses qui ne s’improvisent pas. Au point de vue militaire, la France est ruinée. Pour se mettre en état de chasser l’envahisseur, il faudrait six mois. Paris sera obligé de se rendre dans soixante jours ou il mourra de faim. Puis, pendant ce temps, l’invasion, comme une gigantesque tache d’huile, s’étendra sur tout le territoire, qu’elle couvrira de ruines et de cadavres. Je ne suis pas un fort politiqueur, mais il me semble que l’armistice, donnant à la France la faculté d’élire une assemblée constituante, est aujourd’hui la seule issue à une situation aussi compromise. Cette assemblée, nommée par le pays tout entier, pourra seule avoir assez d’autorité pour imposer à la nation, soit pour la continuation de la guerre, soit pour la conclusion de la paix, les sacrifices nécessaires au salut de notre pauvre mère patrie, qui saignera longtemps de la blessure presque mortelle que l’Allemagne vient de lui faire. Que de ruines accumulées de tous côtés ! Com-