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journal du siège de paris.

tin, les murs étaient couverts d’affiches officielles annonçant un plébiscite pour demain. Les membres du gouvernement provisoire, à qui l’algarade du 31 octobre a mis la puce à l’oreille, sentent le besoin de légitimer par le suffrage universel le pouvoir qu’ils ont pris par la violence à la suite de la capitulation de Sedan. Jusqu’à ce jour, les hommes du 4 septembre ne sont qu’un accident. Si le vote de demain se prononce en leur faveur, ils seront un gouvernement régulier, autant qu’il est possible de l’être, puisque nous sommes toujours séparés du reste de la France. On parle de la conclusion de l’armistice dont M. Thiers avait apporté les conditions quand il est venu à Paris dimanche dernier. On dit même que les signatures sont données, mais que l’armistice ne sera rendu public que le lendemain du plébiscite. Je crois que la partie est perdue, bien perdue. La capitulation de Metz, le manque d’énergie de la province travaillée en tous sens par les partis qui divisent le pays, ne nous permettent plus d’espérer une solution heureuse à l’épouvantable crise que nous traversons en ce moment. Il serait injuste, cependant, d’accuser de lâcheté ou de manque de patriotisme tous les habitants de la province. Les Prussiens étendant leurs ravages jusqu’à cinquante lieues au sud de Paris, il est tout naturel que les paysans des bords de la Loire et de tous les départements du Centre songent à défendre leurs familles et leurs biens avant de marcher au secours de la capitale. Les Allemands, qui conduisent la guerre