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journal du siège de paris.

fameux destructeur de crucifix, V. Hugo, Bonvalet, le restaurateur, forment le nouveau pouvoir chargé de chasser les Prussiens et d’aller proclamer la république dans toutes les capitales de l’Europe. Cette canaille de Jules Favre, ajoute mon homme, n’était qu’un jésuite, comme ce sacristain de Trochu. Il est certain qu’ils ont déjà volé chacun dix millions à la caisse publique. Mon animal me donne une poignée de main que je ne lui demandais pas et continue son chemin en criant : Vive la république démocratique et sociale ! Remarquez que je n’ai pas eu le temps de dire un seul mot à ce bonhomme-là. Je rentre à la maison, où j’annonce qu’on vient de renverser les hommes du 4 septembre. Les bonnes gens n’en peuvent croire leurs oreilles. Les bourgeois sont consternés. Dans leurs rêves de cette nuit, je suis certain qu’ils verront passer la guillotine de 93. Il faut bien avouer que le rétablissement de la commune et du comité du salut public ne nous ouvre pas des perspectives précisément agréables. Voilà le tapage qui recommence. La rue de l’Entrepôt retentit du son du clairon comme un champ de bataille. Il est neuf heures et demie. Est-ce le gouvernement Blanqui qui commence à faire des siennes ? Je vais aller voir un peu de quoi il retourne.

Dix heures et quart. J’arrive de la porte Saint-Martin. On bat le rappel dans toutes les rues. Pourquoi ? Je l’ai demandé à vingt personnes. Les uns affirment que les Prussiens attaquent en masse le fort d’Aubervil-