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journal du siège de paris.

bas Thiers ! » Un grand animal qui ressemble énormément à Savard le typographe (de Québec), prétend que c’est la réaction cléricale qui veut faire la paix afin d’anéantir la république et de rétablir le pouvoir temporel du pape. La cohue va en augmentant. Bientôt le cri À l’Hôtel de Ville ! poussé par les gardes nationaux de Belleville, qui débouchent par la rue du faubourg du Temple, attire l’attention des politiqueurs de la place du Château-d’Eau. Un gigantesque drapeau rouge précède la milice citoyenne, composée des électeurs de Rochefort. Tout le monde les suit. La pluie continue à tomber, je n’ai pas de parapluie. Comme je ne tiens pas à attraper un rhume ou un rhumatisme pour le plus grand bien de la Sociale, je rentre chez moi. À deux heures et demie, panique dans notre rue. On annonce que l’on se tire des coups de fusil à l’Hôtel de Ville. Le faubourg Saint-Antoine serait descendu en masse sur la place de Grève. Les boulangeries de notre quartier sont envahies par les ménagères effarées qui viennent faire leurs provisions de pain pour plusieurs jours dans la crainte que la guerre civile n’empêche la circulation dans les rues. Le clairon sonne à droite, le rappel est battu à gauche, partout on appelle la garde nationale aux armes. À cinq heures, je sors, malgré la pluie qui continue à tomber en cataractes. Au coin du boulevard de Sébastopol, je rencontre un imbécile qui m’apprend d’un air triomphant que le gouvernement réactionnaire et clérical du 4 septembre est renversé, et que les citoyens Blanqui, Flourens, Pyat, Mottu, le