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octave crémazie

« Dès la naissance du Foyer canadien, j’ai regretté de voir, comme dans les Soirées canadiennes, chacun de ses numéros rempli par une seule œuvre. Avec ce système, le Foyer n’est plus une revue ; c’est tout simplement une série d’ouvrages publiés par livraisons. Une œuvre, quelque belle qu’elle soit, ne plaît pas à tout le monde ; il est donc évident que si, pendant cinq ou six mois, un abonné ne trouve dans le Foyer qu’une lecture sans attrait pour lui, il prendra bientôt votre recueil en dégoût et ne tardera pas à se désabonner. Si, au contraire, chaque livraison apporte au lecteur des articles variés, il trouvera nécessairement quelque chose qui lui plaira et il demeurera un abonné fidèle. Je crois sincèrement que le plus vite le Foyer abandonnera la voie qu’il a suivie jusqu’à ce jour, le mieux ce sera pour ses intérêts.

« Ne pouvant remplir toutes les pages du Foyer avec les produits indigènes, la direction de ce recueil fait très bien d’emprunter quelques gerbes à l’abondante récolte de la vieille patrie. Ce que je ne comprends pas, pardonnez-moi ma franchise, c’est le choix que les directeurs ont fait du Fratricide. D’abord ce n’est pas une nouveauté, car, dans les premiers temps que j’étais libraire, il y a déjà vingt ans, nous vendions ce livre. Puisque vous faites une part aux écrivains français, il me semble qu’il faudrait prendre le dessus du panier. Le vicomte Walsh peut avoir une place dans le milieu du panier, mais sur le dessus, jamais. J’ai un peu étudié les œuvres littéraires du XIXe siècle, j’ai lu bien