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journal du siège de paris.

rivés dans le camp ennemi et le bombardement devrait commencer mardi. Je ne crois pas un mot de tous ces cancans.

Pour rendre hommage à l’héroïsme de Châteaudun, le gouvernement vient de donner son nom à la belle rue qui s’appelait Cardinal-Fesch sous le règne du tyran. On ne parle plus de Garibaldi. Je crois que si la France compte, pour sortir du péril extrême dans lequel elle se trouve en ce moment, sur les exploits de ce vieux révolutionnaire, elle ferait aussi bien de traiter de suite avec Bismark. Les éditeurs d’ouvrages sur la guerre font de brillantes affaires. Depuis le 4 septembre, il s’est vendu 840,000 exemplaires de l’École du soldat. Sapia, acquitté par le conseil de guerre, n’a pas été réélu par son bataillon. Les ultra-radicaux ont envoyé au gouvernement une députation pour demander que les cloches des églises et la colonne Vendôme soient employées à la fonte des canons. Le général Trochu a répondu que l’on ne fait plus des canons de bronze, mais d’acier, et qu’il fallait laisser les cloches aux clochers et la colonne à la place Vendôme. Autre cancan. La république serait proclamée à Munich et le peuple aurait pendu le compositeur Wagner !

Jeudi soir, 27 octobre. — Pluie torrentielle toute la journée. Le soir, un vent à soulever l’Arc de triomphe. Pendant l’après-midi, canonnade continuelle sur les ouvrages que les Prussiens cherchent à établir à Saint-Cloud, à Brimborion et à Montretout. Il paraît que