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journal du siège de paris.

par la mise en activité du chemin de fer d’Orléans. Quel bonheur si je puis enfin recevoir de vos nouvelles, dont je suis privé depuis quarante jours !

Mardi soir, 25 octobre. — Pluie toute la journée. Pas d’opérations militaires dignes d’être mentionnées. Aujourd’hui je n’ai entendu ni le clairon ni le tambour. Comme la rue de l’Entrepôt est une des rues les plus larges du quartier, on y fait l’exercice deux fois par jour, le matin à sept heures, l’après-midi à quatre heures. Si j’avais autant de pièces de cent sous que j’ai entendu de fois depuis deux mois : Par file à droite, par file à gauche, marche ! je serais presque un rentier. Gambetta nous envoie de Tours des nouvelles qui portent la date du 21. La petite ville de Châteaudun a fait une défense héroïque. Les gardes nationaux, aidés de quelques francs-tireurs, ont soutenu pendant toute une journée le choc de 5,000 Prussiens et leur ont mis 1,800 hommes hors de combat. Il ne faut pas oublier que Châteaudun est une ville ouverte, et que ses défenseurs n’avaient d’autres remparts contre l’artillerie de l’ennemi que des barricades élevées à la hâte. Ce n’est qu’après avoir bombardé et incendié cette courageuse cité, qui ne compte que 6,000 âmes, que les soldats du roi Guillaume ont pu s’établir sur ses ruines. M. Thiers est revenu à Tours gros Jean comme il était parti. Du reste, tout le monde s’y attendait. Il faudrait être bien naïf pour croire que l’Europe, toute monarchique à l’exception de la Suisse, prendra la défense, contre un roi, d’une république qui veut non