Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

348
journal du siège de paris.

Paris ? En ballon ? On parle d’une sortie prochaine commandée par le général Trochu. Rochefort et Ferry, portant l’uniforme de colonel, l’accompagneront. Gambetta, ministre de la guerre à Tours, Ferry, colonel à Paris, ne dirait-on pas des héros de vaudeville ? Décidément ces avocats ne doutent de rien. Le général Triskow, chef du cabinet militaire du roi de Prusse, a été tué le 2 octobre, à Montretout, par un obus du Mont-Valérien. Je vous parlais, il y a quelques jours, du couvre-feu. Une proclamation du maire de Paris, Étienne Arago, invite les citoyens à éteindre le gaz à 10½ heures, afin de ménager la provision de charbon, qui ne peut se renouveler pendant la durée de l’investissement. Vous verrez que nous arriverons au couvre-feu de nos aïeux. Il n’y a plus que 225,000 hommes autour de Paris. Espérons que, puisque le cercle de fer qui nous entoure est amoindri, nous pourrons bientôt le briser.

Mercredi, 19 octobre. — Beau temps, mais froid. Nous attendons encore le bombardement annoncé pour aujourd’hui. Cependant, comme les Prussiens voulaient faire parler d’eux le jour de l’anniversaire de la bataille de Leipsick, ils ont tenté, à deux heures du matin, de prendre Cachan par surprise. Repoussés par les mobiles du Finistère, ils sont revenus à la charge deux heures après. Ils ont été refoulés une seconde fois par la fusillade des moblots et les feux croisés des forts de Vanves et de Montrouge. Du reste, la nuit a été bruyante. Le Mont-Valérien, le fort d’Issy et celui