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journal du siège de paris.

en un mot, de l’isoler complètement de sa base d’opérations. En ce moment, il forme autour de Paris une ligne d’investissement composée de 300,000 soldats. Dans trois ou quatre semaines, il sera pris à son tour dans un cercle gigantesque de 500,000 hommes. Le jour où ce demi-million d’hommes s’unira au demi-million qui compose l’armée de Paris, l’invasion prussienne, prise entre cette enclume énorme, la capitale, et ce marteau titanesque, l’armée de la province, sortira terriblement aplatie de cette formidable étreinte. Je n’ai pas à vous parler des nouvelles du Times, que vous connaissez depuis longtemps. Trois dépêches du journal de la Cité ont plus particulièrement attiré mon attention. On annonce de Berlin que deux ballons parisiens sont tombés entre les mains des Allemands, qui ont saisi toutes les lettres emportées par ces courriers aériens. J’espère qu’une de mes lettres hebdomadaires n’est pas tombée entre les mains de ces Teutons. Vogel de Falkeinstein marcherait sur Lyon à la tête de 80,000 hommes. Si on additionnait les chiffres des armées que, depuis un mois, les nouvellistes font marcher sur la seconde ville de France, on aurait un total d’au moins un million. Le vénérable Times nous raconte une bourde transcendante. Il nous apprend que Crémieux et l’archevêque de Tours sont allés au-devant de Garibaldi qui arrivait de Marseille ; puis, avec un sérieux imperturbable, il a ajouté que le vieux chef de condottieri, le juif Crémieux et le haut dignitaire de l’Église se sont montrés au peuple sur le balcon de