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journal du siège de paris.

haut de l’impériale, brûler le palais de Saint-Cloud. Ce sont les canons du Mont-Valérien qui ont mis le feu à cette demeure préférée à toutes les autres résidences impériales par la famille Napoléon, et qui était, depuis un mois, l’observatoire de l’état-major prussien. La journée a été glorieuse pour les armes françaises. On a fait plus de cent prisonniers. Les pertes de l’ennemi doivent être considérables. Celles de l’armée de Paris ne dépassent pas 30 tués, parmi lesquels le comte Picot de Dampierre, et 80 blessés. On dit que Napoléon III vient de publier un manifeste qui est reproduit par les journaux de Londres. Que dit ce document ? Nous l’ignorons, car nous sommes toujours séparés du reste de l’univers. Le même on dit ajoute que Rouher, Lavalette, etc., intriguent constamment à Londres contre l’ordre de choses établi à Paris le 4 septembre, et que c’est à leurs menées que la république doit de n’avoir pas été reconnue par l’Angleterre. Napoléon III peut avoir encore beaucoup de partisans en province, mais à Paris, je crois que sa cause est perdue pour toujours.

Vendredi soir, 14 octobre. — Temps nuageux. À part une escarmouche heureuse à Rueil, il n’y a rien à signaler sur la rive sud, les Prussiens ayant demandé un armistice pour enterrer leurs morts de la journée d’hier. Il me semble que ces messieurs abusent des armistices. Le combat du 13 n’a été ni assez long ni assez meurtrier pour que le chiffre de leurs morts soit tellement élevé qu’il faille leur accorder douze