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journal du siège de paris.

Comme rédacteurs et imprimeurs seront des hommes de paille n’ayant pas cent francs sur lesquels on puisse mettre la main, à quoi cela vous mènera-t-il de les faire condamner à des dommages-intérêts ? Où il n’y rien, le roi, pardon, la république perd ses droits. Sous le régime impérial, le cautionnement de 50,000 francs déposé par le propriétaire du journal à la Caisse des dépôts et consignations, était toujours là pour payer les sottises des rédacteurs. Autre abolition. Plus de censure théâtrale. Vous pourrez donc, à l’avenir, mettre dans la bouche des acteurs les propos les plus impies et les plus immoraux, l’autorité n’aura rien à y voir. Il paraît qu’en l’an 1870, c’est là ce qu’on appelle le progrès. Avec ce système de la liberté du mal, dans cinquante ans toutes les femmes seront des drôlesses, et les hommes des assassins et des voleurs. Heureusement que nous traversons en ce moment une de ces crises intermittentes qui sont aussi nécessaires au peuple le plus spirituel de la terre que les pilules de Morrison me sont indispensables deux ou trois fois par an. Histoire de se débarrasser des impuretés et des humeurs qui aigrissent le sang, afin que la machine puisse reprendre ses fonctions normales. M. de Kératry, dégoûté de la préfecture de police, vient de donner sa démission de chef de ce département. Il est remplacé par M. Edmond Adam, directeur du Comptoir d’escompte, qui jouit d’une excellente réputation. C’est un républicain modéré et un gentleman comme Jules Favre. Aujourd’hui ont paru les premiers