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journal du siège de paris.

de la marine ont démoli tout ce qu’il a voulu élever à 3,500 et même 4,000 mètres. Malgré toutes les tentatives de l’administration des postes, nous ne pouvons recevoir des nouvelles de la province, encore moins de l’étranger. Nous ne savons rien de ce qui se passe en Europe. J’aimerais pourtant bien à être renseigné sur ce qui se passe à Rome. Nous voici revenus au moyen âge. Des guetteurs de nuit veillent sur les tours de Notre-Dame. Nous aurons peut-être le couvre-feu avant qu’il soit longtemps. Comme la fermeture, à sept ou huit heures, des cafés ne ferait tort qu’aux limonadiers et aux cocottes qui, faute d’étrangers, font la chasse aux officiers de la mobile, je ne vois pas où serait le mal si on rétablissait temporairement ce vieil usage de nos pères. M’est avis que tous ces petits officiers de province seraient plus frais et plus dispos le matin pour se battre contre les Teutons, s’ils passaient leurs soirées chez eux au lieu de perdre leur temps et leur argent à festoyer avec les drôlesses du boulevard. Rochefort vient d’écrire une lettre à Flourens, qui le priait, après le fiasco de la manifestation de samedi, de donner sa démission de membre du gouvernement. L’ex-député de la première circonscription regrette de ne pouvoir se rendre au désir de son ami Gustave, mais la crainte d’allumer la guerre civile lui fait un devoir de renvoyer à des temps plus calmes la réalisation des réformes dont il s’était fait le champion. C’est certainement là le fait d’un bon citoyen. Mais n’est-ce pas déplorable de voir la France réduite à ce point, qu’un