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octave crémazie

Fréchette pourra dire :

Je suis venu trop tôt dans un pays trop jeune.

« Vous voulez bien me demander de nouveau la fin de mes Trois morts, et vous m’offrez même une rémunération pécuniaire. Je vous remercie de tout mon cœur de l’importance que vous voulez bien attacher à mes pauvres vers. Je ne sais pas trop quand je pourrai me rendre à votre désir. J’ai bien, il est vrai, 700 à 800 vers composés et mis en réserve dans ma mémoire, mais la seconde partie est à peine ébauchée, tandis que la troisième est beaucoup plus avancée. Il faudrait donc combler les lacunes et faire un ensemble. Puis il y a bientôt quatre ans que ces malheureux vers sont enfermés dans les tiroirs de mon cerveau. Ils doivent avoir une pauvre mine et ils auraient joliment besoin d’être époussetés ; c’est un travail que je ne me sens pas le courage de faire pour le moment. Puisque le Foyer canadien ne compte plus que quelques centaines d’abonnés, ce n’est pas dans la caisse de cette publication que vous pourriez trouver les honoraires que vous m’offrez. C’est donc dans votre propre bourse que vous iriez les chercher. Pourquoi vous imposer ce sacrifice ? Le public canadien se passera parfaitement de mon poème, et moi je ne tiens pas du tout à le publier. Qu’est-ce que cela peut me faire ?

« Quand j’aurai le temps et la force, car depuis que j’ai reçu votre lettre j’ai été très malade, je mettrai un peu en ordre tout ce que j’ai dans la tête, et je vous enverrai ces œuvres dernières comme un témoignage