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journal du siège de paris.

sort de l’Hôtel de Ville. Il reçoit, comme le gouverneur de Paris, un accueil très sympathique. Les tambours battent aux champs. Le général Trochu, accompagné des membres du gouvernement, sort du palais municipal, passe en revue sa milice citoyenne. En ce moment, on compte au moins dix mille fusils sur la place. Jules Favre, la revue terminée, adresse la parole aux officiers des différents bataillons. Le ciel est sombre : les tours de Notre-Dame se détachent admirablement sur ce fond nuageux. Une acclamation formidable salue le discours de Jules Favre. En ce moment, le canon des forts, qui n’a cessé de se faire entendre, devient plus retentissant et plus précipité. On crie : À bas la commune ! Le canon nous appelle aux remparts ! Je n’ai jamais vu un spectacle aussi grandiose, aussi solennel. La pluie commence à tomber. La clique de Belleville file sans tambour ni trompette. Je fais comme elle, bien que je ne sois ni communaliste ni communiste. Espérons que cette scie de la commune est finie et bien finie. Cependant je n’en répondrais pas. En France, la république, c’est le gouvernement des proclamations et des manifestations. Chaque matin, nous trouvons dix ou douze décrets, communications officielles, pleins de phrases sonores, qui ont été affichés pendant la nuit. Mon Dieu ! qui nous délivrera, non pas des Grecs et des Romains, que l’on trouve admirables quand on a entendu pendant un mois les platitudes démocratiques, mais des rengaines libérales et des clichés républicains ? Ce que j’ai