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journal du siège de paris.

çait Auteuil et Passy, a été détruite par les canonniers de la Seine et les obus du Mont-Valérien. Ces projectiles ont fait un ravage effrayant dans les rangs des Prussiens, qui ont demandé une trêve d’une heure pour transporter leurs blessés dans l’église. Les Kabyles continuent à faire des razzias. La nuit dernière, ces enragés sont tombés dans le campement des soldats de Guillaume, ont massacré cent cinquante Teutons, et, avant que ces derniers fussent revenus de leur stupeur, les enfants du désert étaient disparus. Ces spahis sont magnifiques. Avec leurs grands burnous rouges, leurs bottes molles, leurs belles figures bronzées et leurs longues barbes noires, ils ont une tournure élégante et martiale. Les Prussiens, lourds et flegmatiques, craignent comme le feu ces cavaliers de la Numidie, qui fondent comme des aigles sur leurs campements, et, après avoir démoli quelques centaines de Germains, disparaissent avec la rapidité de l’éclair, emportés par leurs chevaux arabes. Chose singulière, aux chassepots que le gouvernement voulait leur donner, ils préfèrent la vieille carabine africaine, qu’ils manient avec une rapidité et une habileté incroyables. Aujourd’hui, on dit qu’une partie de l’armée qui assiège Metz étant venue renforcer celle qui nous investit, Bazaine, profitant de l’affaiblissement des forces qui le tiennent bloqué depuis si longtemps, a pu couper l’armée allemande et marcher sur Nancy. C’est trop beau pour être vrai. La grande manifestation en faveur du rétablissement de la commune a fait un fiasco complet. À