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journal du siège de paris.

chez eux gros Jean comme devant. Flourens a donné sa démission comme colonel. Tant mieux, c’est un cerveau brûlé de moins à la tête de la garde nationale. Le journal officiel de ce matin déclare qu’il n’a pas reçu de rapport de Crémieux. On prétend que la feuille gouvernementale joue sur les mots. Comme le ministre de la justice n’avait rien de bon à annoncer, il a envoyé une lettre privée et non un rapport officiel. Les nouvelles qui nous arrivent par un journal du 22 septembre, apporté par Burnside, ne sont pas rassurantes. À l’extérieur, la Russie est définitivement avec la Prusse, qui lui laisse carte blanche en Orient. Une province de la Turquie, soulevée par les intrigues russes, vient de se mettre en état de rébellion contre l’autorité du sultan. L’Angleterre, impuissante du reste, regarde faire et semble heureuse de l’abaissement de la nation qui a sauvé l’armée anglaise devant Sébastopol. L’Italie ne songe guère qu’au triomphe facile qu’elle vient de remporter en occupant Rome. Pour l’Espagne, elle est trop divisée par les partis qui se disputent la succession d’Isabelle II pour s’occuper de ce qui se passe au nord des Pyrénées. La France reste donc seule, sans armée régulière, avec un matériel de guerre tout à fait inférieur à celui du roi Guillaume, pour lutter contre la coalition armée des puissances allemandes et la coalition morale des royautés européennes, qui veulent éteindre dans Paris le foyer de démocratie avancée qui menace tous les trônes. J’avoue qu’en présence de cette situation aussi douloureuse qu’effrayante, ma foi