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journal du siège de paris.

nistre, d’abord pour se donner de l’importance, ensuite pour se faire des amis dans le journalisme, qui peut, par un article bien senti, le faire nommer préfet ou commissaire de la république, s’empresse de raconter au boulevardier les résolutions prises par l’autorité. Le public commence à s’indigner de l’étourderie de ces messieurs et demande que, comme en 1848, la dictature soit confiée au général Trochu et que tous les journaux soient supprimés jusqu’à la fin de la guerre. Le journal officiel continuerait seul à paraître pour faire connaître au public les décrets de l’autorité et le compte rendu des opérations militaires. Le plus vite on prendra cette détermination, le mieux ce sera, car avec le système actuel nous marchons rapidement à deux catastrophes : l’anarchie dans la capitale, en dehors des murs la défaite par les Prussiens. Les républicains de la veille comprendront-ils enfin que le salut de la patrie commande des mesures extrêmes, et que ce n’est pas avec des phrases sonores que l’armée allemande sera vaincue ?

Mercredi soir, 5 octobre. — Je renonce à parler du soleil, qui s’obstine à nous verser des torrents de lumière. Si je continuais à chanter ses louanges chaque matin comme je le fais depuis tantôt un mois, on m’accuserait d’être vendu à cet astre flamboyant. Qui sait ? on dirait peut-être que le bonhomme Phébus me fait une pension comme le tyran en faisait une à Feydeau, Gautier et Veuillot, laquelle pension vient d’être mise à néant par la république. Ces messieurs