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journal du siège de paris.

crois que la valeur de ce document est complètement nulle. Français et républicain, Louis Blanc oublie qu’il parle à des Anglais, sujets de sa très gracieuse majesté la reine Victoria. Attendre aide de la vieille Angleterre, c’est se faire illusion. John Bull, Saxon et protestant, est très heureux de voir ses cousins de Prusse humilier et affaiblir ces Français catholiques qui depuis vingt ans jouent le premier rôle en Europe.

Dimanche, 2 octobre. — Le beau temps persiste. Beaucoup de monde dans les églises. Une triste nouvelle a jeté la douleur dans l’âme des Parisiens. Après une défense héroïque de cinquante jours, le vaillant général Uhrich a dû ouvrir à l’ennemi les portes de Strasbourg. Depuis douze jours la garnison ne mangeait plus que de deux jours l’un. Place de guerre de première classe, capitale de l’Alsace, c’est la clé de la France. Si on réussit à délivrer Paris et à rejeter l’ennemi de l’autre côté du Rhin, il faudra faire le siège de cette cité héroïque, qui alors sera défendue par les soldats de Guillaume. Toul, épuisé, ayant vu ses remparts abattus par le canon prussien, a été également obligé de se rendre. Il faut que les forces militaires de la France soient complètement désorganisées pour qu’on ait laissé succomber ces deux villes, qui ont fait une défense surhumaine, sans pouvoir envoyer un corps d’armée à leur secours. Que vont faire les 100,000 Allemands qui assiégeaient ces deux villes ? Vont-ils aller rejoindre les troupes qui bloquent Bazaine ? Se dirigeront-ils sur Paris ? Iront-ils à la rencontre de