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journal du siège de paris.

tous les bruits, vrais ou faux. Dans une rencontre avec l’avant-garde de l’armée de la Loire, les Prussiens ont reçu une râclée telle qu’ils ont été obligés de faire une retraite précipitée sur Étampes. Cette bonne nouvelle nous est arrivée ce matin par une estafette du gouvernement qui a réussi à traverser les lignes ennemies. Elle nous a appris en même temps que Thiers avait quitté Tours, siège de la délégation du gouvernement provisoire, pour se rendre à Saint-Pétersbourg. Vers une heure après-midi, des nuages d’une fumée noire et épaisse couvraient Paris. Dans la prévision d’un bombardement, le gouvernement a réuni sur les buttes Chaumont tout le pétrole emmagasiné dans les entrepôts de Belleville et de la Villette. On achevait d’enterrer les cinquante mille barils de pétrole quand le feu s’est déclaré. On a pu immédiatement circonscrire les ravages de l’incendie. Les pertes matérielles ne s’élèvent pas à un chiffre élevé. Une enquête est ouverte pour savoir si cet accident est dû à la malveillance. Les chiffonniers et les huissiers s’organisent en corps francs. L’industrie des premiers se trouve paralysée, les communications coupées ne permettant plus l’expédition des chiffons aux fabriques de papier des départements. Pour les huissiers, comme l’échéance des billets est renvoyée à la conclusion de la paix, ils n’ont plus de protêts à signifier. En France, ce n’est pas le notaire mais l’huissier qui proteste les billets. Encore un cancan. On affirme qu’un parlementaire prussien arrivé à l’Hôtel de Ville, a eu un long entretien