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journal du siège de paris.

avez peut-être eu connaissance du beau tapage que fit, il y a quatre ans, la clique libre penseuse, parce que l’estampille avait été refusée à la Vie de Jésus de Renan. Le gouvernement, à mon avis, avait cent fois raison d’appliquer la loi sur le colportage à ce détestable livre, qui aurait semé l’impiété dans les campagnes, encore très nombreuses, qui ont le bonheur de garder intacte la foi de leurs pères. Il me souvient qu’à propos de ce refus de l’estampille au livre de Renan, l’Avenir national traitait Napoléon III de jésuite et de calotin ! Maintenant que le colportage est entièrement libre, de quel déluge de livres impies, de brochures et de gravures obscènes les campagnes vont être inondées, Dieu seul le sait !

Mardi, 27 septembre. — Toujours beau temps. Quand donc aurons-nous de la pluie ? Elle serait accueillie comme un bienfait du ciel. Les reconnaissances n’ont pas rencontré un seul Prussien dans le rayon des forts de la rive gauche. Depuis samedi, les assiégeants ne montrent pas le bout du nez. On dit que l’armée de la Loire arrive et que les Teutons vont au-devant d’elle afin de la détruire avant qu’elle puisse secourir Paris. Aucuns expliquent l’inaction du roi Guillaume par les préparatifs qu’il fait pour donner un assaut formidable aux forts et au mur d’enceinte. On annonce aussi que Moltke envoie en Normandie un corps de 75,000 Germains, destiné à ravitailler l’armée assiégeante. Tous ces on dit me font l’effet d’être des canards. Je les note cependant, car je veux enregistrer